Vœu du Conseil de Paris pour le transport de marchandises sur la Petite Ceinture

, par Association Sauvegarde Petite Ceinture (ASPCRF)

Le conseil de Paris a connu une séance agitée le 20 novembre 2001. En effet, tout en acceptant d’approuver le schéma de principe du projet de ligne de tramway en rocade sud de Paris sur les Boulevards des Maréchaux, le groupe Communiste a déposé un vœu permettant d’étudier la possibilité d’utiliser le site de la Petite Ceinture ferroviaire pour du transport de marchandises.

Le groupe a présenté son vœu en indiquant que « l’existence de la Petite Ceinture ferroviaire est une chance pour Paris. Bénéficier d’un site d’une telle qualité intra-muros est rare dans une grande agglomération. Sa réutilisation au service d’une conception renouvelée de la ville doit être décidée. Elle peut et doit être l’un des supports majeurs d’une gestion moderne du fret urbain. Alors que Paris étouffe sous le flot des voitures et des camions, se priver de la possibilité exceptionnelle d’une entrée ferrée des marchandises serait un contre-sens en matière d’aménagement urbain, qui pourrait coûter très cher aux futures générations et au développement durable de Paris. Cette vocation est conforme au Plan de déplacement Urbain (PDU) et renforce même la partie fret de ce document. Laisser échapper cette opportunité serait lourd de conséquence et engagerait notre responsabilité à l’égard de nos enfants et petits enfants. C’est pourquoi tout projet de coulée verte et d’autres aménagements qui rendraient ces choix d’avenir irréalisables ne peuvent être envisagés. Il faut, au contraire, mettre en oeuvre toutes les nouvelles technologies ferroviaires modernes en matière d’infrastructures et de matériel roulant pour faire de ce projet une référence en matière de respect de l’environnement. Si, par ailleurs, la largeur des emprises le permet, des aménagements verts pourront être proposés mais ils seront alors complémentaires de l’entrée des marchandises, par la voie ferrée, au cœur de l’agglomération et non en concurrence avec elle. »

La gare du boulevard Ornano (Porte de Clignancourt) avec, à droite, une nouvelle voie antivibratoire posée en mai 2000 pour des tests de matériels silencieux.(cliché J. E. Terrier)

Ce vœu a entraîné la colère, et même une suspension de séance, du groupe Verts qui a dénoncé une « rupture de contrat de mandature » liant la majorité municipale plurielle. Cette tension au sein du conseil n’a pas empêché l’adoption du vœu, approuvé par les groupes Communiste, RPR, UDF, DL et MDC. Le groupe Socialiste s’est abstenu. Le vœu approuvé indique que « la Ville de Paris doit être à l’initiative de démarches auprès de la SNCF pour étudier la possibilité de faire de la Petite Ceinture un axe au service d’une nouvelle politique en matière de fret et de la qualité de notre environnement. Des crédits d’études doivent être mis en place conjointement avec l’État, RFF, la SNCF et le STIF pour y travailler sans attendre ».

Cette séance du conseil de Paris est riche d’enseignements. En premier lieu, il est manifeste que la Petite Ceinture ne constitue pas un thème délimitant clairement un clivage entre l’opposition et la majorité municipale. En second lieu, il est très rassurant de constater que la majorité des membres du Conseil de Paris ne souhaite pas prendre de positions hâtives sur l’avenir de la Petite Ceinture ferroviaire (rappelons d’ailleurs que le site appartient à RFF, organisme public). La position de l’association sur le fret est simple : si le retour d’un trafic régulier de fret sur la Petite Ceinture permet enfin de moderniser la ligne et d’accélérer sa réouverture au trafic voyageurs, alors tant mieux ! Espérons que ce vœu préfigure une réouverture rapide de la ligne au trafic voyageurs.