Gare de l’Avenue de SAINT-OUEN

Fiche d’identité

Une petite gare au cœur du 18e arrondissement

La gare de l’Avenue de Saint-Ouen ouvre au public le 16 novembre 1863 – soit plus d’un an après le début du service voyageur de la Petite Ceinture. Elle se situe à moins de 100 mètres de la Porte de Saint-Ouen. Elle est encadrée à l’Est par la gare du Boulevard Ornano, et à l’Ouest par la gare de l’Avenue de Clichy

Elle est située à proximité immédiate du raccordement des docks de Saint-Ouen (aussi appelé raccordement des Épinettes). Ce dernier est mis en service par la Compagnie du Nord en 1862.

Il ne faut pas confondre la gare de l’Avenue de Saint-Ouen avec la gare de Saint-Ouen, qui se trouve dans la ville du même nom sur la ligne C du RER.

Le premier bâtiment voyageur est construit au niveau de la voirie, et est en service de 1863 à 1888. Il n’en subsiste aucune trace aujourd’hui.

En vue de l’Exposition universelle de 1889, les passages à niveau de la Petite Ceinture rive droite sont supprimés. Les travaux d’abaissement de la plateforme ferroviaire durent de 1888 à 1889. Pour permettre aux trains de continuer à circuler, ces derniers sont déviés sur une voie provisoire de 3500 mètres environ, située le long des fortifications.

Aussi, la gare de l’Avenue de Saint-Ouen est entièrement reconstruite. À l’Ouest de la gare (vers la rue Pouchet), la ligne est mise en tranchée ; à l’Est, la ligne poursuit sa route via le tunnel de Saint-Ouen (long de 511,85 m).

La gare de l’Avenue de Saint-Ouen et son architecture unique à Paris

La gare actuelle possède des caractéristiques architecturales très intéressantes. Le bâtiment voyageurs en lui-même est typique du style des gares de la Petite Ceinture Rive Droite, et se situe à‑cheval au-dessus des voies. Un point que l’on peut retrouver de nos jours sur les gares du Boulevard Ornano ou de Charonne.

Toutefois, elle se distingue de toutes les autres gares parisiennes par son impressionnante colonnade en fonte, qui vient soutenir le trottoir de la rue Leibniz.  Un pont en arche permet également à la rue Vauvenargues de passer au-dessus de la gare. 

Le style architectural de cette gare se distingue par :

  • Une structure de façade symétrique composée d’une grande ouverture entourée de deux ouvertures plus petites ;
  • Des façades à angle droit ;
  • De grandes baies vitrées situées au centre de chaque façade ;
  • Un toit formé « d’une couverture à deux pentes avec un fronton central en pénétration, au dessus de l’entrée principale », qui remonte au-dessus des portes-fenêtres des façades côté rue et côté voies, afin de pouvoir dégager le plus de hauteur possible et laisser pénétrer davantage de lumière ;
  • Une absence d’étage ;
  • Une passerelle métallique à l’arrière du bâtiment afin de desservir les deux quais.

Toutefois, le bâtiment voyageur de la gare de l’Avenue de Saint-Ouen se distingue par trois caractéristiques notables :

  • La porte d’entrée en plein cintre, plus étroite qu’une porte en anse de panier – imposée par une façade moins large en raison des contraintes du site (étroitesse du terrain),
  • La toiture ne déborde pas des murs,
  • La marquise à simple pente ne couvre pas les fenêtres latérales.

Pour aller plus loin, voir l’extrait des Annales des Ponts-et-Chaussées de 1892 en annexes.

À noter que le prolongement de la rue Belliard, réalisé en 1905, entraîne la suppression du petit bâtiment annexe. Ce dernier est reconstruit de l’autre côté du bâtiment des voyageurs, le long de la rue Leibnitz, comme le montrent les deux photographies ci-dessous. 

Qu’est devenue la gare de l’Avenue de Clichy Saint-Ouen ?

Après la fermeture du service de voyageurs le dimanche 22 juillet 1934, le bâtiment des voyageurs sert encore quelques années pour le service de messageries. Puis, fin 1938, il est transformé en un cinéma nommé « le Lumière », qui fonctionne jusqu’à la fin des années 1950.

Le bâtiment est ensuite occupé par des commerces – et notamment par un magasin Darty à partir des années 1970. À cette époque, un étage est aménagé et la façade est entièrement modifiée selon les codes esthétiques de l’époque.

La gare a toutefois continué à voir passer les trains de marchandises en transit via la Petite Ceinture, ainsi que les trains de jonction entre la gare Saint-Lazare et la gare du Nord. Sans oublier les différents trains spéciaux affrétés notamment par notre association.

Autorail Caravelle Gare de l’Avenue de SAINT-OUEN
Un autorail Caravelle affrêté par notre association et le COPEF fait une halte à la agre de l’Avenue de Saint-Ouen en septembre 2000. Crédit photo : Bernard Chatreau

En 2010, un projet de réhabilitation du bâtiment des voyageurs en café-concert est lancée par Ville de Paris. En 2013, un bail emphytéotique de 30 ans est attribué au Hasard Ludique – puis à la RIVP (Régie Immobilière de la Ville de Paris en 2014). D’importants travaux, visant à restaurer entièrement l’intérieur et les façades de la gare, débutent à l’automne 2015.

Le Hasard Ludique ouvre finalement en 2017, et dispose d’un espace intérieur de 466 m². Il comprend notamment un bar et un restaurant avec une vue imprenable sur les voies ferrées.

Depuis 2018, le quai Nord est occupé par la terrasse du Hasard Ludique. En juillet 2019, un revêtement de paillis est déposé sur la voie Nord pour aménager une promenade et des grilles sont installées pour empêcher l’accès aux tunnels – tout en autorisant le passage des trains.

Toutefois, ces travaux posent question, car aucune convention de superposition d’affectation entre la SNCF et la Ville de Paris n’a été signée sur cette section de la Petite Ceinture. En effet, ce type de convention constitue pourtant été un prérequis à la création des sections ouvertes de la Petite Ceinture.

Ci-dessous, deux photographies de la gare de l’Avenue de Saint-Ouen par Alexander JE Bradley

Le raccordement des docks de Saint-Ouen

Comme indiqué précédemment, la gare de l’Avenue de Saint-Ouen est située immédiatement à l’Est du raccordement des docks de Saint-Ouen.

Ouvert le 1er avril 1862 par la Compagnie du Nord, il relie la Petite Ceinture aux docks de Saint-Ouen et à la ligne de La Plaine à Ermont-Eaubonne.

Dans le cadre du projet VMI (Vallée de Montmorency-Invalides), cet embranchement est partiellement réutilisé par les trains du RER C depuis 1988.

En revanche, le tronçon le plus proche de la Petite Ceinture est inutilisé. Les trains du RER C emploient un nouveau tunnel, construit à partir de 1985, ayant pour origine la gare de l’Avenue de Clichy.

Annexe : la construction de la gare de l’Avenue de Saint-Ouen

Retrouvez ci-dessous des extraits des Annales des Ponts et Chaussée à propos de la construction de la gare de l’Avenue de Saint-Ouen (1892) :

 

Les dispositions nouvelles […] rappellent d’une façon générale celles des stations du boulevard Ornano et de Charonne.

L’ancien bâtiment des voyageurs, placé en façade sur l’avenue et latéralement au chemin de fer du côté intérieur, a été démoli pour l’établissement des murs de soutènement.

Le nouveau bâtiment a été placé à cheval sur le chemin de fer et en façade sur l’avenue de Saint-Ouen et sur la rue Leibnitz. Il est construit sur un plancher métallique supporté par des murs de soutènement, munis de contreforts, placés parallèlement à l’axe des voies, dans le prolongement des culées du passage supérieur de l’avenue de Saint-Ouen.

Il présente du côté de la voie un passage ou palier de 3 mètres de largeur qui donne accès, par deux escaliers placés à ses extrémités, aux deux quais de la station disposés à droite et à gauche des voies, parallèlement à celles-ci.

L’emplacement de l’ancienne gare a été utilisé pour former une cour dans laquelle on a construit un petit bâtiment en pierre et brique où sont installés les cabinets d’aisances, la consigne, la lampisterie et un magasin à charbon.

La nouvelle gare se compose d’une salle rectangulaire de 14m,90 x 12m,10 (NLDR : Il s’agit des dimensions intérieures du bâtiment) largement éclairée par de grandes baies percées sur les quatre faces. Le long de la façade faisant face à la voie, on a, en laissant libre une porte latérale pour l’entrée des voyageurs, installé en menuiserie des bureaux pour la distribution des billets avec deux guichets, le cabinet du chef de gare et des tables pour les bagages au départ.

La sortie des voyageurs est assurée au moyen de deux portes aménagées aux deux extrémités du palier supérieur des escaliers venant des quais ; l’une donne accès directement à la rue Leibnitz ; l’autre à la cour de service qui communique avec l’avenue de Saint-Ouen.

Les façades du bâtiment de la gare, qui composent les petits côtés du rectangle sur la rue Leibnitz et sur la cour, forment pignons et supportent la toiture avec le concours de deux fermes disposées parallèlement à ces façades. Deux noues sont ménagées entre les deux fermes, dans l’axe transversal du bâtiment, pour dégager les grandes portes des façades principales.

La charpente, entièrement métallique et apparente, est formée de petites poutrelles en treillis. Un plafond en bois apparent fixé aux chevrons forme avec ces poutrelles une série de caissons garnis de moulures sur leur pourtour.

La toiture sur la façade principale se termine par un fronton au-dessus de la porte d’entrée. Celle-ci a 4 mètres de largeur et est coupée au niveau de l’imposte par une marquise, en fer et verre, de 6 mètres de largeur et de 2m,70 de saillie, supportée par deux consoles en fer forgé.

Du côté de la voie, la toiture se prolonge pour recouvrir le palier des escaliers. […]

L’escalier est intérieur est relié, sur le quai correspondant, à un appentis en fer de 70 mètres de longueur appuyé contre le mur de soutènement et formant abri.

La toiture de l’escalier du côté extérieur se combine et se raccorde avec l’encorbellement de la rue Leibnitz qui passe au-dessus de la volée inférieure et abrite le quai extérieur qu’il recouvre sur toute sa longueur.

Les quais […] ont 180 mètres de longueur et 4 mètres de largeur. […]

Dans les bâtiments, on a employé la pierre de de taille de Souppes pour les seuils des portes et les marches d’escalier, la pierre de taille d’Euville pour les socles et la pierre de Saint-Maximin pour l’élévation.