Réaction au projet d’aménagement d’une promenade ouverte au public sur la Petite Ceinture dans le 13e arrondissement

, par Association Sauvegarde Petite Ceinture (ASPCRF)

Le lundi 30 mars pendant la séance du Conseil du 13e arrondissement, puis lors de la séance du Conseil de Paris du 13 avril 2015, le projet de délibération n°2015 DEVE 58 intitulé « tronçon Rungis de la Petite Ceinture (13e) – Principe d’aménagement et autorisation administrative » est présenté et discuté.

L’ouverture et l’inauguration de cette promenade, initialement prévues à l’automne 2015, sont organisées le samedi 23 janvier 2016. (Source : Ville de Paris).

Notre Association analyse ce projet et réagit.

 Notre analyse

Plan de situation du tronçon Rungis de la Petite Ceinture (13e arrondissement)
Source : Mairie de Paris - mars 2015. Cliquer pour agrandir.

Le choix du 13e arrondissement pour réaliser cet aménagement est très intéressant. En effet, suite aux nombreuses opérations d’urbanisme réalisées principalement sur les anciennes friches industrielles qui bordaient la Petite Ceinture, la ligne, située en tranchée, a été couverte entre la rue du Moulin de la Pointe et la rue du Dessous des Berges. Ainsi, le 13e arrondissement et celui où la plus grande proportion de la ligne est couverte et donc inutilisable pour un aménagement de promenade ouverte au public. En comparant la situation du 13e arrondissement avec celle du 12e ou celle du 19e arrondissement, où la Petite Ceinture est totalement à l’air libre, le choix du 13e peut paraître étonnant.

Ce choix a pour principale conséquence le fait que la longueur de la section concernée est faible : 532 mètres, soit moins de la moitié de la longueur de la section empruntée par la promenade aménagée dans le 15e arrondissement et ouverte durant la mandature précédente. Cette faible longueur de l’aménagement proposé est due à deux contraintes très coûteuses à traiter pour la Ville de Paris : la présence de nombreux tunnels et la difficile accessibilité depuis la voirie de la majeure partie de la Petite Ceinture.

Ce projet confirme l’impossibilité pour la Ville d’aménager les tunnels : « Les tronçons isolés entre deux tunnels peuvent être connectés en surface grâce à l’aménagement de liaisons sur l’espace public (laquelle existe souvent déjà) donnant à voir la Petite Ceinture quand celle-ci n’est pas praticable. » Ainsi donc, plus qu’une grande promenade de 23 kilomètres faisant le tour de Paris empruntant les tunnels aménagés de la Petite Ceinture et inspirée de la High Line de New York, souvent citée en exemple par Madame Hidalgo, la Ville réalise progressivement une suite de squares sur la Petite Ceinture, reliés entre eux simplement par la voirie.

Le coût des travaux d’accessibilité est également évoqué dans ce projet : « il est également l’un des rares tronçons) à être au niveau de l’espace public […]. Ce tronçon ne nécessite donc pas de lourds travaux d’accessibilité. » Rappelons que les travaux d’accessibilité ont représenté une part importante du coût de la promenade aménagée dans le 15e arrondissement (5,3 millions d’Euros de coût total et 40 000 Euros annuel de coût de maintenance des 4 ascenseurs installées) sur une section de la ligne en talus ou en viaduc. Ces travaux ont également nécessité la suppression d’une partie de la biodiversité préexistante.

Outre le fait d’évoquer les deux principales difficultés : la présence de tunnels et l’accessibilité - qui empêchent la réalisation d’une promenade continue sur les 23 kilomètres Sud, Est et Nord de la Petite Ceinture ne connaissant pas aujourd’hui un usage ferroviaire régulier, ce texte a le mérite de présenter « le constat que la Petite Ceinture doit être pensée à double échelle : à une échelle globale, elle doit être un site unique et non morcelé ; à une échelle locale, elle doit permettre de proposer des aménagements légers rapidement réalisables. »

L’aménagement proposé concerne l’échelle locale. Mais rien n’est évoqué dans ce texte pour l’échelle globale !

 Nos propositions

Pour l’échelle globale, notre Association propose de compléter les projets de promenade de la Ville, finalement d’une longueur assez faible (moins de 2 kilomètres sur 23 kilomètres disponibles), par l’organisation de circulations de trains de découverte, qui sont parmi les rares activités permettant au grand public de découvrir la ligne sans menacer la biodiversité qui y est présente. Nous avons porté ce projet dans le cadre de l’opération médiatique « Budget participatif » organisé récemment par la Ville de Paris. Le quotidien « Le Parisien », dans son édition parisienne du 17 mars 2015, remarque que cette proposition est l’une des plus soutenues et commentées parmi 5115 idées soumises : notre proposition a recueilli 120 soutiens et 61 commentaires, malgré la mauvaise ergonomie du site de la Ville de Paris concernant la procédure d’inscription.

Notre Association défend depuis 1993 la vocation ferroviaire de la Petite Ceinture et le retour d’un transport en commun d’intérêt régional assurant un service de type Métro. Au transport nous associons la mise en valeur des surlargeurs pour des activités de type jardin.

À court terme, nous préconisons le maintien des rails et de leur visibilité, et plus généralement la maintien du caractère ferroviaire de cette infrastructure, quelques soient les projets d’aménagements adoptés, afin de ne pas insulter l’avenir.

Autre point essentiel : l’avenir de la Petite Ceinture doit être débattu avec la Région Île de France et le STIF (Syndicat des Transports d’Île de France) car il s’agit d’un débat régional et non uniquement parisien.

D’après nos informations, Le groupe PCF-FDG au Conseil de Paris devrait défendre le maintien des rails et du caractère ferroviaire de la Petite Ceinture, ainsi que la circulation de trains de découverte et de trains légers de fret (logistique urbaine).

 Sources

Projet de délibération n°2015 DEVE 58
Tronçon Rungis de la Petite Ceinture
Délibéré du projet n°2015 DEVE 58