Réaction à l’article du Parisien évoquant un protocole d’accord entre RFF et la Ville de Paris

, par Association Sauvegarde Petite Ceinture (ASPCRF)

Le quotidien Le Parisien, dans l’article intitulé « La Petite Ceinture rendue aux Parisiens » de son édition de Paris du samedi 22 avril 2006 [1], évoque la conclusion d’un protocole d’accord entre RFF (Réseau Ferré de France) et la Ville de Paris sur l’usage de la Petite Ceinture dans les prochaines années. Selon cet article, ce protocole d’accord doit être soumis à la discussion et au vote des élus du Conseil de Paris lors de la séance des 15 et 16 mai prochains.

Toujours selon cet article, les vingt-trois kilomètres des sections Sud, Est et Nord de la Petite Ceinture, dont l’ASPCRF défend l’utilisation pour du transport quotidien de voyageurs, seraient découpés en trois zones d’aménagement distinctes :

  • La section Sud serait aménagée en promenade plantée avec conservation de la voie actuelle entre la station de RER boulevard Victor dans le 15e arrondissement et la place de Rungis dans le 13e arrondissement,
  • Le sud de la section Est, dans le 12e arrondissement, serait aménagée en promenade plantée avec maintien des voies et reprise des circulations de trains de fret (1 ou 2 par jour) interrompues depuis 1993,
  • La section Nord, encore aujourd’hui ouverte au trafic, la signalisation ferroviaire fonctionnant, conserverait son statut actuel et ne ferait donc pas l’objet d’aménagement de type promenade.

Il nous semble utile de corriger quelques inexactitudes que contient cet article et d’apporter quelques objections aux différents projets d’aménagement qu’il présente.

 Sur la section Sud

Plusieurs points nous semble devoir nuancer l’intérêt du projet d’aménagement de promenade plantée.
D’une part, cette section de la Petite Ceinture comporte quatre longs tunnels (trois sont visible sur la carte figurant sur cette page) :

  • Dans le 15e arrondissement, le tunnel de Vaugirard, long de trois cents mètres,
  • Dans le 14e arrondissement, le tunnel de la rue des Arbustes long de sept cents mètres et le tunnel de Montsouris, long de neuf cents mètres,
  • Dans le 13e arrondissement, le tunnel de la rue des Longues Raies, long de trois cent cinquante mètres.

L’ouverture à la promenade publique de ces quatre longs tunnels, outre l’intérêt limité qu’elle pourrait présenter pour d’éventuels promeneurs, se heurte à des questions de gestion de la sécurité, notamment d’accès des secours (pompiers et SAMU) sur le site. Par conséquent, cet aménagement ressemblerait à une suite de squares séparés les uns des autres par des tunnels infranchissables.

D’autre part, le maintien de la voie ferrée ne serait pas dû à un projet de vélorail, comme semble le suggérer l’article du Parisien, mais est nécessaire pour assurer la continuité de la maintenance par la Petite Ceinture de la sous-station électrique de la porte de Vanves, située le long de la Petite Ceinture et qui alimente en électricité la gare Montparnasse. L’alimentation en électricité de cette sous-station est d’ailleurs réalisée au moyen d’un câble à haute tension présent sur la Petite Ceinture le long de la voie ferrée dans tout le 15e arrondissement. La présence de ce câble imposerait des contraintes sur la gestion de la sécurité des éventuels promeneurs sur cette section.

 Sur la section Nord

Il est écrit dans cet article qu’au Nord de Paris « des tronçons de voie » ont été « déjà réaménagés » et que « la voie ferrée [...] a cédé la place à des plants de fleurs et de légumes ». Cela est faux, puisqu’aucun jardin n’est aménagé sur la plate-forme à double-voie de la Petite Ceinture, mais à côté :

  • Porte de Clignancourt, sur les quais de la gare,
  • Rue Ernest Roche, près de la porte Pouchet, dans le 17e arrondissement, sur l’emprise d’un ancien raccordement industriel déferré depuis la fin des années Vingt.

 La position de l’ASPCRF

L’ASPCRF est opposée à des aménagements dits « réversibles » de squares ou de promenades utilisant la plate-forme de la Petite Ceinture pour les deux raisons suivantes :

  • De tels aménagements obèreraient la nature ferroviaire de la Petite Ceinture, parce qu’il serait très difficile à des élus de faire accepter à l’opinion parisienne qu’après avoir ouvert au public des promenades sur la Petite Ceinture, celles-ci puissent disparaître au profit de circulations ferroviaires régulières. Ces aménagements pourraient devenir ainsi ipso facto irréversibles.
  • Si malgré ces difficultés potentielles, les élus faisaient preuve de la volonté suffisante pour supprimer ces aménagements au profit de circulations ferroviaires régulières, alors la question de l’intérêt de l’engagement de la dépense publique pour des aménagements temporaires leur serait inévitablement posée.

Par conséquent, l’ASPCRF préconise qu’à la place des aménagements temporaires sur la plate-forme à double-voie de la Petite Ceinture envisagés par la Ville de Paris dans le cadre du protocole d’accord avec RFF, soient réalisés des aménagements définitifs le long de cette plate-forme. Cette stratégie permet d’associer la préservation du caractère ferroviaire de la Petite Ceinture pour une réactivation à moyen-long terme (entre dix et trente ans) à une valorisation de ses abords en jardins ou promenades réalisable à court terme.

Le jardin qui vient d’être réalisé rue Ernest Roche le longe illustre une telle stratégie. Une autre illustration est réalisable dans le 15e arrondissement, où la section de la Petite Ceinture comprise entre la place Balard et la rue Desnouettes est suffisamment large (deux fois deux voies ferrées) pour permettre la juxtaposition d’une double voie ferrée pour des circulations ferroviaires régulières et d’une promenade plantée. Ce type d’aménagement illustre également le concept de mixité d’usage de la plate-forme de la Petite Ceinture là où cela est possible, que l’ASPCRF défend depuis sa création en 1993.