Les multiples vies de la passerelle de la rue de la Mare

, par Bruno Bretelle

Cette passerelle piétonne située dans le 20e arrondissement, emblématique du quartier compris entre les rues des Couronnes et de Ménilmontant, date de la Belle-Époque. Comme vous allez pouvoir le découvrir dans cet article, cette passerelle est la seconde à avoir été construite, la première passerelle datant de 1854.

Passerelle de la rue de la Mare
Tronçon nommé PC20 par la Ville de Paris. Cliché : Jean-Nicolas Lehec tous droits réservés.

Un train de découverte stationne sous la passerelle de la rue de la Mare
Circulation organisée par le COPEF en partenariat avec la SNCF et RFFF en septembre 2000. Cliché : Bruno Bretelle. Tous droits réservés.

 La passerelle de 1854

Carte de la Petite Ceinture Rive Droite

La première section de la Petite Ceinture Rive Droite est mise en service fin 1852 pour relier les voies des gares de Paris-Saint-Lazare et Paris-Nord. Elle est prolongée fin 1853 jusqu’aux voies de la gare de Paris-Est, puis en 1854 au travers des actuels 19e, 20e et 12e arrondissements jusqu’aux voies des gares de Paris-Lyon et de Paris-Austerlitz.

Dans le 20e arrondissement, la construction de la Petite Ceinture Rive Droite coupe la rue de la Mare en deux, dans ce qui est jusqu’en 1860 le village de Belleville. Afin de rétablir la continuité de cette rue pour les piétons, une première passerelle métallique est établie au-dessus des voies de la Petite Ceinture [1]. En juin 1878, la modification des accès à la station entraîne le déplacement de cette passerelle [2]. Voici de rares vues disponibles de cette première passerelle.

Extrait du plan cadastral du quartier de la station Ménilmontant en 1900
La passerelle de 1854 figure sur le plan, peu de temps avant d’être remplacée par la passerelle actuelle. Source : Archives de la Ville de Paris, plan parcellaire municipal de Paris (fin XIXe), 77e quartier (Belleville), 135e feuille, cote PP/11984/F (voir en ligne).

Panorama de la gare de Ménilmontant avec l’ancienne passerelle de la rue de la Mare vers 1890
Au premier plan, le Passage de la station de Ménilmontant. Collection Harlingue. Photographie disponible sur le site de l’agence Roger-Viollet.

Train circulaire en gare de Ménilmontant vers 1890 avec l’ancienne passerelle
Photographie de Charles Frémont. Collection Bibliothèque Historique de la Ville de Paris. Disponible sur le site de l’agence Roger-Viollet. Cette photographie est reproduite dans l’ouvrage « Paris au temps des Fiacres ».

 La passerelle de 1900

En septembre 1896, le Chemin de fer de Ceinture évoque la reconstruction de la passerelle à cause de son mauvais état et de la nécessité de l’élargir. [3] La passerelle actuelle, plus élégante que l’ancienne, est le fruit de cette reconstruction entreprise peu avant 1900. [4] Des travaux de consolidation de la nouvelle passerelle sont réalisés peu de temps après. [5] Cette reconstruction est réalisée durant la même période que la création, en prévision de l’Exposition Universelle de 1900, d’un passage souterrain reliant les quais de la station Ménilmontant pour faciliter les déplacements des voyageurs. Contrairement à ce que l’on peut penser, la passerelle ne servait pas aux voyageurs à passer d’un quai à l’autre de la station. Pour ce faire, ils devaient jusqu’en 1899 simplement traverser les voies. En 1899, les quais des stations de la Petite Ceinture sont exhaussés afin de faciliter les mouvements de montée et de descente des voyageurs entre les quais et les trains. Nous détaillons l’utilité de ces travaux dans cet article. La nouvelle hauteur des quais de 88 centimètres au-dessus du rail, ne permet plus aux voyageurs et au personnel de la station de descendre en sécurité sur les voies pour circuler entre les quais. Par ailleurs, l’augmentation importante du nombre de trains et de voyageurs pendant l’Exposition Universelle de 1900 aurait multiplier les risques d’accident durant cette traversée.

Sur la carte postale suivante, on aperçoit sur le quai de gauche, à la hauteur du banc, l’emplacement du passage souterrain, marqué par une échancrure dans la bordure du quai. Le petit bâtiment couvert, qui s’étend du bâtiment des voyageurs au réverbère, protège des intempéries l’escalier d’accès au souterrain. Sur le quai de droite, le même type de petit bâtiment couvert est situé entre le bureau du chef de gare et l’auvent, à la hauteur du second réverbère.

Vue des quais de la station Ménilmontant
Vue intérieure de la station. On peut constater que les vélos sont acceptés dans les trains...plutôt, dans les fourgons à bagages des trains ! Au fond, la rue des Couronnes. Cette photographie est prise à la hauteur de la passerelle de la rue de la Mare.

 Une seconde reconstruction prévue en 2019

Dans le cadre du plan-programme de juin 2015, une convention est signée par la SNCF et la Ville de Paris afin que cette dernière prenne à sa charge la totalité des coûts de rénovation de la passerelle, alors qu’historiquement, son entretien était partagé entre les deux entités. En avril 2017, la Ville de Paris entreprend des travaux de rénovation de la face inférieure de la passerelle. Lors de ces travaux, une vétusté importante de la structure métallique de la passerelle, notamment l’intrados, est constatée, amenant la Ville à fermer l’accès au public et à démarrer des travaux d’inspection complémentaires à partir du 12 mai 2017.

Fermeture pour travaux d’inspection de la passerelle de la rue de la Mare à partir du 12 mai 2017
Le chantier de rénovation démarré en avril 2017 a permis de découvrir la dégradation de l’état de certains éléments de la passerelle de la rue de la Mare, ancienne passerelle de la station de la Petite Ceinture.

Chantier d’inspection de l’état de la passerelle de la rue de la Mare
Un échafaudage entoure la passerelle dont l’accès est interdit au public depuis le 12 mai 2017. Photographie prise le 30 mai 2017. Cliché : Bruno Bretelle tous droits réservés.

En mars 2018, la Ville de Paris privilégie une reconstruction à l’identique de la structure métallique et des marches à une rénovation lourde. Les grilles actuelles seraient déposées, rénovées puis reposées. Une étude complémentaire des modalités de cette reconstruction est alors lancée et doit être remise le 15 juin 2018. La réalisation des travaux est prévue de juin à décembre 2019. Le coût de ces travaux est aujourd’hui estimé par la Ville à 340 000 Euros. [6] Les modalités précises de financement de ces travaux seront définies par la Ville une fois connue en septembre 2018 la sélection ou non du projet de rénovation de la passerelle soumis au budget participatif 2018. [7]