La Petite Ceinture est-elle fermée à tout trafic (voyageurs et marchandises) depuis 1934 ?

, par Association Sauvegarde Petite Ceinture (ASPCRF)

Rame d’essai de la Nouvelle Automotrice Transilien (NAT) sur la Petite Ceinture, à la Chapelle-Saint Denis.
Le 29 mai 2009, une rame d’essai de la Nouvelle Automotrice Transilien (NAT) emprunte la Petite Ceinture. Ici, la rame arrive à la hauteur de l’ancienne station La Chapelle-Saint Denis depuis le raccordement entre la Petite Ceinture et les voies de la gare du Nord. Cliché : Noah. Tous droits réservés.

1934 est souvent perçue comme l’année de la fin de tout trafic ferroviaire sur la Petite Ceinture. Cette analyse est fausse, car si cette année fut marquée par le transfert du service urbain de voyageurs de la Petite Ceinture sur route, le fameux bus P.C. qui circule sur les boulevards des Maréchaux, un trafic substantiel, notamment de marchandises, circula encore de nombreuses années. Ce n’est que depuis une période très récente, 2004, qu’il n’y a pas eu de circulation ferroviaire. Et encore, en ne prenant pas en compte la circulation de draisines de la SNCF chargées d’inspecter l’état des ouvrages d’art de la ligne.

Dans cet article, nous présentons les différentes types de trafic ferroviaire qui ont subsisté sur la Petite Ceinture après 1934.

 Trains de jonctions

Après 1934, la Petite Ceinture continua d’être utilisée pour le transfert de trains grandes lignes entre les gares du Nord, de l’Est et de Lyon (comme les trains directs de Calais à Vintimille, San Remo, Milan et d’Amsterdam à Vintimille). Ainsi, les derniers trains de voyageurs ayant circulé sur le tronçon Nord de la Petite Ceinture sont les trains de nuit Calais - Bâle, dont le service a cessé en 1985.

Passage du train La Flèche d’Or sur la Petite Ceinture entre les gares de Paris-Lyon et de Paris-Nord
Le 4 avril 1974, la tranche Rome-Calais Maritime destinée au rapide 401 La Flèche d’Or quitte Paris-Lyon et s’engage en direction de Paris-Nord derrière la BB 63950. Cliché : Michel Joindot. Tous droits réservés.

 Trains de marchandises

Par ailleurs, un important trafic marchandises a subsisté jusqu’en 1992 sur le tronçon Sud et 1993 sur le tronçon Est. En effet, la Petite était dotée de cinq gares de marchandises qui servait à assurer le trafic local parisien : Belleville-Villette (près du parc des Buttes-Chaumont et disparue dans les années quatre-vingt), Charonne-Marchandises (située entre les stations de la Rue d’Avron et de l’Avenue de Vincennes, disparue dans les années quatre-vingt), Paris-Gobelins (réaménagée dans les années soixante-dix et aujourd’hui située sous la dalle des Olympiades, dans le 13e arrondissement), La Glacière-Gentilly (dont la moitié a disparu dans les années quatre-vingt et dont le reste va bientôt disparaître, près de la porte de Gentilly) et Grenelle-Marchandises (disparue dans les années quatre-vingt, remplacée par le siège de France Télévision et l’Hôpital Européen Georges Pompidou), ainsi que deux triages : l’Évangile et La Rapée-Bercy (À l’heure où l’on souhaite réduire le nombre de camions circulant dans Paris, on peut s’interroger sur la disparition de ces surfaces pour le transport par rail).

Par exemple, La Petite Ceinture servait à acheminer en 1948 quarante-huit trains par jour et dans chaque sens [1]. La Petite Ceinture servait encore à acheminer en 1963 des trains de marchandises originaires du Nord de la France vers le réseau de la gare d’Austerlitz. À cette époque, les gares marchandises de la Petite Ceinture (Belleville-Villette, Charonne, Les Gobelins et la Glacière-Gentilly) généraient un trafic de 750 000 tonnes, nécessitant la mobilisation de neuf locomotives diesel [2].

La Petite Ceinture fut également utilisée pour desservir la gare marchandises de Reuilly, dans le 12e arrondissement, après l’intégration de la ligne de la Bastille à la ligne A du RER et l’abandon du terminus à Bastille en 1970.

La section Sud de la Petite Ceinture fut utilisée pour desservir les usines Citroën de Grenelle jusqu’en 1976 et les abattoirs de Vaugirard, devenus depuis le parc Gorges Brassens, jusqu’en 1979.

Les sections Nord et Est sont équipées d’un signalisation lumineuse (feux). Depuis 1993, la signalisation lumineuse a été éteinte sur la section Est. La section Tolbiac-Bercy est électrifié en 1,5 kV depuis 1950. La section Paris Nord-Évangile est électrifiée en 25 kV depuis le 25 septembre 1978 [3].

Au 1er octobre 1991, la gare des Gobelins, située sous la dalle des Olympiades dans le 13e arrondissement, était desservie par une circulation quotidienne. En 1990, cette gare a reçu 460 wagons de marchandises pour 14 600 tonnes, essentiellement des produits alimentaires et des jus de fruit. L’arrêt de la desserte de cette gare par le rail est intervenue fin 1991.
Au 1er octobre 1991, les échanges quotidiens et en semaine de matériels entre les grandes gares parisiennes via la Petite Ceinture représentaient encore 33 trains (marchandises, messageries, matériel voyageurs vide, allèges postales) et 14 machines haut-le-pied [3].

Le train sort du raccordment de la gare des Gobelins. Didier Duforest Tous droits réservés.

 Trains spéciaux de découverte

À partir des années Soixante, des trains spéciaux de découverte furent organisées par différentes associations, dont la nôtre, en partenariat avec la SNCF, afin de faire découvrir au grand public le patrimoine de la Petite Ceinture. Le dernier train spécial qui emprunta la Petite Ceinture circula au printemps 2004.

Autorail de type Caravelle dans la tranchée du parc des Buttes-Chaumont.
Dans la tranchée du parc des Buttes-Chaumont. Au fond, l’entrée du tunnel de Ménilmontant (1124 mètres de long). Cliché : Romain Mortelette. Tous droits réservés.

 Trafic interne à la SNCF

Un trafic interne à la SNCF d’échange de matériels entre les Batignolles et Tolbiac subsista jusqu’en 1993. Le tronçon Nord connaît encore aujourd’hui un trafic de service, interne à la SNCF. Il en est de même pour le pont National situé entre les tronçons Est et Sud. Ce dernier tronçon est en cours de reconstruction dans le cadre des travaux d’aménagement de la ZAC Seine-Rive Gauche.

Train d’échange de matériel voyageur, à la sortie du souterrain de Charonne.
Train d’échange de matériel voyageur, quotidien, entre La Chapelle et Bercy. Photo prise à la sortie du souterrain de Charonne, depuis la rue de Bagnolet, le 16/05/1992. Cliché : N. Lelarge. Tous droits réservés.

 Bibliographie

[1] G. Rodier. La p’tite ceinture de Paris. Notre Métier (ancêtre de la Vie du Rail), pp 3-4, n°162, 25 août 1948.

[2] : Ch. Mascret, Le chemin de fer de Petite Ceinture de ses origines à nos jours, revue de l’Association Française des Amis des Chemins de Fer, pp 139-146, numéro 242, mai 1963.

[3] : Bruno Carrière, La Saga de la Petite Ceinture, éditions La Vie du Rail, 1991 pour la première édition, 2001 pour la seconde.

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