Le raccordement RATP de la rue Desnouettes

Lorsque l’on quitte la gare de Vaugirard-Ceinture, située à la hauteur de la Porte de Versailles, en direction de Balard, la ligne de Petite Ceinture ferroviaire parcourt un remblai ponctué de plusieurs ponts-rails, sur ce qui devrait être le prolongement naturel de la ligne de tramway T2. On découvre, en contrebas sur la droite, à environ 500 mètres de la gare, peu avant l’amorce située sur la gauche des voies qui se dirigeaient vers le défunt viaduc d’Auteuil, une voie se raccordant à la Ceinture. Cette voie, autrefois surmontée d’un fil trolley, est un raccordement avec les ateliers du métro situé rue Desnouettes. Ces ateliers ont été construits du début du XXe siècle par la compagnie du Nord-Sud qui exploitait les lignes Porte de Versailles à Porte de la Chapelle ainsi que Saint-Lazare à Porte de Clichy et Porte de Saint Ouen. Ce raccordement a connu autrefois une activité soutenue : il permettait de livrer par trains entiers les rames de métro. Ces livraisons s’effectuent maintenant par la route. Le trafic ferroviaire sur cet embranchement est interrompu, l’aiguillage est d’ailleurs hors service, et ce raccordement où la nature reprend peu à peu ses droits, est aujourd’hui le domaine des tagueurs qui déploient tout leur « talent artistique » sur le mur de soutènement de la Petite Ceinture. À l’extrémité du raccordement se découpent encore quelques vestiges du fil de trolleybus, et derrière la barrière métallique il est possible d’apercevoir une rame de métro prête à être repeinte et des rangées de sièges attendant d’être rénovés. Autre curiosité de ce raccordement : sur la droite des rails semblent s’enfoncer dans la verdure et gagner les immeubles au-delà, il s’agit en fait d’une voie de secours qui permettait aux trains qui se seraient emballés d’être aiguillés sur cette voie et de finir ainsi leur course doucement un peu plus loin.

L’avenir de l’atelier RATP et du raccordement

La RATP, dans le cadre du Contrat de plan État-Région 2000-2006, devrait prolonger la ligne 12 au Nord de Porte de la Chapelle à la Mairie d’Aubervilliers. L’atelier actuel de la ligne 12 devrait être déplacé du côté d’Aubervilliers, et donc la RATP pourrait soit revendre les terrains, soit permettre une opération immobilière au bénéfice de ses agents. Ce raccordement à la Petite Ceinture Ferroviaire pourrait donc avoir une durée de vie plus que limitée.

Le raccordement du dépôt du métro. Photo prise vers l’Est. Au fond du cliché, la tour située rue Olivier de Serres. (cliché ÓB. Bretelle)

Proposition de l’ASPCRF

La section de la Petite Ceinture allant de cet embranchement vers l’Ouest jusqu’à la Place Balard, c’est à dire à la hauteur de la Porte de Sèvres, est suffisamment large pour contenir quatre voies de chemin de fer. En effet, vers l’Ouest, quelques mètres après l’embranchement du métro, les voies de la Petite Ceinture se dédoublaient, deux voies allant vers la gare marchandise de Grenelle, dont le terrain est occupé aujourd’hui par le siège de France Télévision et l’Hôpital Européen Georges Pompidou, les deux autres voies rejoignant l’amorce du viaduc d’Auteuil qui, jusqu’en 1960, permettait à la Petite Ceinture de franchir la Seine. Dans ce cas, pourquoi ne pas envisager une réutilisation de l’embranchement du métro en chemin d’accès à des jardins qui seraient aménagés sur la Petite Ceinture à côté des deux voies utilisées par des tramways ? Ceci est une illustration du concept d’aménagement mixte que l’ASPCRF défend pour l’utilisation de la Petite Ceinture. Ce concept consiste à mettre en service un transport urbain de voyageurs et à aménager des espaces publics aux endroits où la plate-forme de la ligne est suffisamment large. Concept que nous résumons au moyen de la formule « un tramway dans un jardin ».