Gare d’Est-Ceinture

Fiche d’identité

Est-Ceinture : une première naissance… dans l’ombre (1867)

La petite gare d’Est-Ceinture voit modestement le jour en 1867 dans l’un des faubourgs industriels les plus actifs de la capitale. 

Ainsi, elle se situe à proximité immédiate de l’usine à gaz de la Villette. Ouverte en 1856 par la Compagnie Parisienne du Gaz, elle assure l’éclairage et le chauffage de Paris pendant plus de 50 ans. 

La gare est donc bordée à l’Ouest par les immenses structures métalliques des citernes de l’usine à gaz, nettement visibles depuis la rue Curial. À l’Est, ce sont les Magasins Généraux, les abattoirs de la Villette et le Marché aux bestiaux qui enserrent la gare. Elle est également très proche de la gare de Chapelle-Charbon, mais aussi de la gare d’Aubervilliers, qui sert au triage des wagons en provenance du Nord et de l’Est.

Elle est également bordée, côté Sud, par le raccordement entre la Petite Ceinture et les voies de la gare de l’Est. 

Les installations de l’usine à gaz de la Villette, la rue d’Aubervilliers et la gare d’Est-Ceinture en 1930

À l’occasion de l’Exposition universelle de 1867, les pouvoirs publics enjoignent au Syndicat de Ceinture d’assurer une correspondance entre la Petite Ceinture et les réseaux Nord et Est – de la même manière que les gares d’Ouest-Ceinture, de Gentilly et d’Orléans-Ceinture assurent respectivement une jonction avec les chemins de fer du PLM, de Sceaux et d’Orléans.

Aussi, deux arrêts, toutes deux baptisées « Est-Ceinture » ouvrent le 12 juin 1867 – soit plus de 2 mois après l’inauguration de l’Exposition Universelle. La première est destinée à la montée et à la descente des passages de la Petite Ceinture, et nommée « halte d’Est-Ceinture ». La seconde est conçue pour les voyageurs des trains de l’Est, et prend le nom de « gare d’Est-Ceinture »

Carte Chapelle-Charbon Est-Ceinture
Carte de la zone en 1914. À gauche, la gare de Chapelle-Charbon et le raccordement de la Plaine Saint-Denis (dit de l’Évangile). À droite, le triage d’Aubervilliers, la station Est-Ceinture et la gare du même nom. Coll. Pierre Tullin, tous droits réservés.

Cette gare « n’a d’autre fonction que de permettre le transit des voyageurs de la ligne de l’Est vers la Ceinture et inversement », note l’historien Bruno Carrière. La gare ne disposant d’aucune ouverture sur l’extérieur et reste interdite aux riverains – d’où son nom de halte d’Est-Ceinture. Aussi le trafic de cette première année d’exploitation s’avère dérisoire et ne dépasse guère quelques centaines de voyageurs. 

En 1869, le Syndicat de Ceinture décide de renforcer la desserte voyageurs de la Petite Ceinture. Aussi, 4 nouvelles gares sont créés, dont la gare du Pont-de-Flandre. Son ouverture, le 26 avril 1869, entraîne mécaniquement la fermeture de la halte d’Est-Ceinture et les trains du chemin de fer de Ceinture n’y marquent donc plus l’arrêt. La Compagnie de l’Est, toutefois, dessert la gare jusqu’en 1870 par quelques trains.

Renaissance de la gare d’Est-Ceinture en 1878

En vue de l’Exposition Universelle de 1878, la gare et la halte d’Est-Ceinture sont rouvertes aux voyageurs. Toutefois, elles se retrouvent perdues au milieu d’un tissu industriel qui s’est encore densifié.

La gare est ouverte au public le 15 mai 1878, après 2 semaines de « marche à blanc », où les trains marquaient une halte sans prendre ni déposer de passagers. Comme en 1867, la gare est seulement conçue pour permettre la correspondance avec les trains de l’Est. Aussi, les élus d’Aubervilliers lancent une pétition pour la création d’accès extérieurs en 1879 et un passage est aménagé vers la rue Curial. Dès lors, elle acquiert le statut de station d’Est-Ceinture.  En revanche, le Syndicat traîne des pieds pour la création d’un accès vers le Nord-Est et la subordonne à l’élargissement de la rue d’Aubervilliers, dont la Ville de Paris vient tout juste d’arrêter le tracé. 

La gare en elle-même adopte une architecture semblable à celle des autres gares de la Petite Ceinture rive droite. Ainsi, le bâtiment voyageur est situé à‑cheval au-dessus des voies ; il est encadré par deux escaliers en ciment. 

Toutefois, le style architectural est assez différent de celui, par exemple, des gares du Boulevard Ornano, de la Chapelle-Saint-Denis ou de Charonne

Les quais de la station Est-Ceinture vers 1880. Le bâtiment des voyageurs surplombe les voies de la Petite Ceinture

La reconstruction d’Est-Ceinture en 1892

La configuration de la gare évolue à nouveau en 1892. En effet, la Compagnie de l’Est décide d’élargir la plateforme de 2 à 8 voies. Aussi, la gare d’Est-Ceinture est à nouveau reconstruite. En revanche, le bâtiment de la halte de la Petite Ceinture reste inchangé.

Le bâtiment voyageur de la gare est situé sous les voies de l’Est et occupe toute la largeur de la plateforme. Il comporte trois arcades, qui témoignent de la présence d’une galerie centrale (sorte de « salle des pas perdus ») et de 2 galeries latérales occupées par des bureaux.

Trois quais de 200 m sont aménagés en surface, et sont reliés à la gare souterraine par des escaliers en ciment.

La gare d’Est-Ceinture et les voies du Chemin de fer de l’Est au cours des années 1920
Vue panoramique du nœud ferroviaire autour de la station et de la gare d’Est-Ceinture. La photographie a été capturée depuis l’un des immenses gazomètres de l’usine à gaz de la Villette. On peut apercevoir le bâtiment des voyageurs de la station, ainsi que le raccordement entre la Petite Ceinture et les voies du réseau de la gare de l’Est. Au fond, on distingue également les quais et les abris de la gare d’Est-Ceinture.

Les deux extrémités de la galerie mènent d’un côté à la rue Curial, de l’autre à la halte de la Petite Ceinture. Il faut attendre 1904 pour que la construction d’un nouvel accès à la gare soit décidée. Ainsi, une passerelle en béton armé sur pilotis est inaugurée le 15 août 1908 : elle débouche directement sur la rue d’Aubervilliers et évite un immense détour aux habitants de la commune.

Carte des installations d’Est-Ceinture en 1914. En rouge, le parcours que les passagers et riverains peuvent emprunter. Sur la gauche, les quais et le bâtiment des voyageurs est relié depuis 1908 à la rue d’Aubervilliers. À droite, la gare d’Est-Ceinture et l’accès donnant sur la rue Curial. Coll. Pierre Tullin

Ci-dessous : trois photographies de la station d’Est-Ceinture. 

Sur la première, le Train Bleu passe sous le pont de la rue d’Aubervilliers. Il longe l’ancien accès de la station donnant sur la rue (à droite) ainsi que le poste d’aiguillage de l’Évangile (à gauche). Cliché : Jacques-Henri Renaud. 

Sur la seconde, on distingue l’ancien bâtiment de l’accès à la station d’Est-Ceinture donnant sur la rue d’Aubervilliers. Cliché : Antoine Lancelot.

Sur la troisième, un train spécial fait un arrêt à la station Est-Ceinture dans les années 1960. 

Qu’est devenue la gare d’Est-Ceinture ?

La fermeture de la gare d’Est-Ceinture intervient en deux temps au début des années 1930. D’une part, à partir de 1932, les trains de la Compagnie de l’Est ne desservent plus la gare d’Est-Ceinture. Puis, à partir de 1934, la station Est-Ceinture cesse d’être desservie – dans le cadre de la suppression du service voyageurs de la Petite Ceinture.

La plateforme de la station Est-Ceinture, qui se situe à‑cheval au-dessus des voies de la Petite Ceinture (et qui accueille le siège du bureau distributeur de billets), est démolie en 1968.

Est-Ceinture vue aérienne
Vue aérienne de la station d’Est-Ceinture en 1929

Ci-dessous, deux photographies d’une rame RTG (rame à turbine à gaz) à la hauteur de la station d’Est-Ceinture en mai 1976. Il longe les entrepôts Calberson-Ney et Calberson-Mac Donald. Sur la 2e image, on distingue nettement le poste d’aiguillage de de la Chapelle n°2 (dit « poste de l’Évangile »), ainsi que le raccordement vers les voies de la gare de l’Est. 

Au cours des années 1980, la plateforme des voies de la gare de l’Est menace de s’affaisser. Aussi, la partie souterraine de la gare d’Est-Ceinture est comblée et ses entrées condamnées par deux murs en béton. De même, les anciens quais sont démolis. Seul subsiste le fronton portant l’inscription « Est-Ceinture », visible depuis la rue Curial. 

Passerelle Est-Ceinture
Fronton Est-Ceinture Rosa Parks
Le fronton de l’ancienne gare d’Est-Ceinture a été préservé et est exposé au sein de la nouvelle gare de Rosa-Parks.

La gare connaît une nouvelle naissance grâce à l’ouverture de la gare Rosa-Parks du RER E, qui ouvre en 2016. Grâce à la mobilisation de notre association, le fronton avec l’inscription « Est-Ceinture » est préservé. Il est déplacé au cœur de la nouvelle gare Rosa Parks et est accompagné d’un panneau détaillant l’histoire de la gare, auquel notre association grandement contribué. 

Ci-dessous, une sélection de photos du parvis Nord de la gare de Rosa Parks. Crédit photo : Jean-Nicolas Lehec, tous droits réservés

Également desservie par la ligne T3b, elle doit également accueillir le terminus du tram T8. Plusieurs scénarios sont envisagés. Pour offrir aux usagers des correspondances simples et faciles à emprunter, notre association est force de proposition. Aussi, le tracé du T8 doit impérativement arriver à niveau sur le parvis de la gare de Rosa Parks, au Nord ou au Sud. De là, le tramway pourrait rejoindre le tracé de la Petite Ceinture : en continuant vers l’Est, il offrirait une correspondance très logique avec la ligne 7 du métro à la gare du Pont de Flandre (métro Corentin Cariou).

Tracé proposé par l’ASPCRF par la rue Gaston Tessier.