Été 2004 : position de l’ASPCRF durant l’enquête publique relative au projet de prolongement de la ligne de tramway T2 d’Issy-Val de Seine à la Porte de Versailles

, par Association Sauvegarde Petite Ceinture (ASPCRF)

Ce texte exprime la position officielle de l’Association Sauvegarde Petite Ceinture (ASPCRF) au sujet du projet de projet de prolongement de la ligne de tramway T2. Ce texte a été déposé dans les registres de l’enquête publique dans les mairies d’Issy-Les-Moulineaux et du 15e arrondissement de Paris. Il a également été inséré dans le dossier que l’ASPCRF a remis à chacun des trois commissaires-enquêteurs. Cet article fait suite à l’article de présentation de cette enquête publique et du comparatif entre les deux tracés.

Enquête Publique « T2 à Paris »
« Pour le prolongement de la ligne de tramway T2 sur la Petite Ceinture ferroviaire de Paris »

20 Juillet 2004

Créée en décembre 1992, l’Association pour la Sauvegarde de la Petite Ceinture de Paris et de son Réseau Ferré milite pour la remise en service de la Petite Ceinture de Paris, ligne de chemin de fer ceinturant la capitale dont le trafic est faible ou inexistant (selon les tronçons). Dès 1992, l’Association a soutenu le projet de prolongement de la futur ligne T2 vers Paris via la Petite Ceinture ferroviaire.

Mise en service en juillet 1997, la ligne T2 relie actuellement dans les Hauts-de-Seine La Défense à Issy-Val de Seine. Cette liaison emprunte successivement une ligne ferroviaire existante, entre Issy-Val de Seine et Puteaux, et une section de ligne nouvelle, entre la gare de Puteaux et celle de La Défense. Dès l’origine du projet T2, les pouvoirs publics ont envisagé le prolongement de la ligne au delà d’Issy-Val de Seine jusqu’à Paris. Ainsi, dès 1994, le prolongement de la ligne jusqu’à la Porte de Versailles via la Petite Ceinture ferroviaire est inscrit au Contrat de Plan État-Région. Toutefois, ce n’est qu’en 2001 que le projet a été effectivement lancé.

De juin à septembre 2001, une concertation préalable a été organisée par Réseau Ferré de France (RFF). Le projet présenté consistait à prolonger la ligne T2 au delà de la gare d’Issy-Val de Seine, le long de la ligne C du RER, puis à emprunter la Petite Ceinture ferroviaire à partir du boulevard Martial Valin (au niveau de la gare RER Boulevard Victor) jusqu’à la place Balard. Dans une étape ultérieure, le prolongement de Balard jusqu’à la Porte de Versailles était prévu.

L’association était favorable à ce projet, mais ce ne fut pas le cas de certains partenaires (dont la Ville de Paris) et de certains riverains. Un autre tracé a été étudié. L’un des motifs invoqués était que « la solution proposée risquait de poser des problèmes d’insertion dans l’espace public, en particulier dans la perspective d’une extension ultérieure jusqu’à la Porte de Versailles ». En d’autres termes, des riverains de la Petite Ceinture, habitant essentiellement entre les rues du Hameau et de Vaugirard, ont exprimé leur crainte des nuisances sonores et visuelles qu’auraient engendré la circulation de tramways près de leur fenêtre. Prenant en compte ces craintes, la Ville de Paris a donc demandé une seconde concertation en proposant un nouveau tracé qui longe le boulevard Périphérique extérieur, à la limite de Paris et d’Issy-Les-Moulineaux. De surcroît, la Ville de Paris s’est inquiétée de l’impossibilité de réaliser, dans ce secteur de la Petite Ceinture, une promenade plantée promise lors de la campagne des élections municipales de 2001.

Une deuxième concertation préalable a donc eu lieu en mars-avril 2002. Au cours de cette procédure, l’association a soutenu le projet initial qui consistait à emprunter la Petite Ceinture ferroviaire. Les éléments techniques indiquent en effet clairement que le trafic serait plus faible dans le cadre de la variante « Sud Périphérique ». Ainsi, le trafic en pointe serait :

  • Par la Petite Ceinture ferroviaire : 7 200 voyageurs/heure/sens,
  • Par la variante « Sud Périphérique » : 5 500 voyageurs/heure/sens.

Par ailleurs, la population desservie serait moins importante si la variante « Sud Périphérique » était retenue : 47 000 personnes contre 33 000.

La variante routière actuellement privilégiée comporte, de surcroît, un certain nombre de faiblesses, plus que gênantes à moyen et long terme : vitesse commerciale plus faible, risques ponctuels mais fréquents de perturbations lors des grands salons de Paris-Expo, absence de desserte de l’Hôpital Georges Pompidou, impossibilité de prolonger la ligne au delà de la Porte de Versailles (cette hypothèse ne doit en aucun cas être négligé étant donné que la future ligne de tramway des Boulevards des Maréchaux Sud connaîtra sûrement une affluence record que seule la remise en service de la Petite Ceinture ferroviaire pourra resorber), correspondance délicate entre le tramway et le métro à Balard (long couloir, absence d’équipements destinées aux personnes à mobilité réduite). Il est important de rappeler que le projet initial (via la Petite Ceinture) évoquait une possible extension au delà de la Porte de Versailles en utilisant la plate-forme de la Petite Ceinture ferroviaire. Nous privilégions donc le projet initialement envisagé avec emprunt de la Petite Ceinture ferroviaire

Ainsi, en terme d’aménagement urbain, l’usage de la Petite Ceinture ferroviaire permettrait d’associer un moyen de transport performant, peu bruyant et peu polluant, le tramway, à une promenade plantée entre le Parc André Citroën (rue Ernest Hemingway) et la rue du Hameau, puisque la plate-forme a été construite pour accepter à cet endroit quatre voies (seules deux voies seraient nécessaires pour le prolongement de la ligne T2).

©Document ASPCRF.
Photomontage simulant la présence d’un tram-train dans le 15e arrondissement, près de la porte de Sèvres.

Il serait également possible d’aménager les arches du viaduc de la Petite Ceinture entre les rues du Hameau et de Vaugirard en un chemin dédié aux circulations douces, en lieu et place du parking actuel. Par ailleurs, le tablier du viaduc situé entre les rues du Hameau et de Vaugirard (porte de Versailles) pourrait être enchâssé dans une pergola végétalisée (recouverte par exemple de lierre) et équipée de parois de verres, afin d’éliminer toute nuisance sonore ou visuelle liée tramway. Dès lors, les riverains de la Petite Ceinture pourraient jouir d’une vue sur un paysage de verdure, au lieu d’avoir une vue sur les fenêtres des voisins d’en face ou sur des murs aveugles, comme c’est le cas actuellement. Ainsi, une ligne de tramway, des circulations douces et une présence renforcée de la nature en ville pourraient cohabiter grâce à ce projet, s’il empruntait la Petite Ceinture ferroviaire.. Des sources proches du dossier nous ont d’ailleurs indiqué que des études complémentaires visant à améliorer le projet en ce sens avaient été réalisées par les maîtres d’ouvrages durant l’été 2001. Il nous paraîtrait normal que ces études soient présentées officiellement.

L’Association pour la Sauvegarde de la Petite Ceinture de Paris et de son Réseau Ferré se prononce donc en faveur du prolongement de la ligne T2 via le tracé initial, empruntant ainsi les emprises RFF de la Petite Ceinture ferroviaire entre « Boulevard Victor » (au niveau de la gare RER C et du siège de France Télévision) et la Porte de Versailles. Nous considérons qu’une concertation est nécessaire avec les riverains de la Porte de Versailles.