Élections régionales 2015

, par Bruno Bretelle

Comme avant chaque rendez-vous électoral pouvant avoir une influence sur les transports en commun en Île-de-France, et plus spécifiquement sur l’avenir de la Petite Ceinture Ferroviaire, nous avons sollicité tous les candidats par courrier, courriel, téléphone, site web, et les avons relancés à de multiples reprises.

Les outils de communication ont bien évolué ces dernières années, et les structures politiques sont désormais présentes sur le web et les réseaux sociaux, mais « présentes » n’implique pas « efficaces », et d’immenses progrès sont encore à faire par la plupart : difficulté à trouver des coordonnées, multiplicité d’interlocuteurs qui ne communiquent pas entre eux, etc. le dialogue est bien trop souvent réduit à un monologue, ce que nous constatons - hélas - depuis des années.

Comment, dans ces conditions, obtenir des réponses précises et ne pas se contenter de promesses trop générales ? La question reste posée…

Pour bien comprendre l’attitude du monde politique à l’égard de la Petite Ceinture ferroviaire, nous invitons les citoyens-électeurs un peu curieux à aller consulter les pages archivées sur ce site relatives aux campagnes électorales du passé ; c’est très instructif (taper « élections régionales » dans le moteur de recherche).

Voici néanmoins les réponses qui nous sont parvenues à ce jour.

Les réponses des listes encore présentes au second tour figurent en gras.

Les listes en présence sont énumérées dans l’ordre retenu par le Ministère de l’Intérieur.

 Nos vies d’abord - M. Pierre LAURENT

Nous vous remercions tout d’abord pour l’intérêt que vous portez à notre organisation sur l’avenir de la Petite Ceinture. La position du parti communiste Français est claire sur ce sujet, et elle est portée depuis de nombreuses années par les élus communistes parisiens.
La Petite Ceinture représente un enjeu stratégique pour notre région, en lien direct avec la lutte contre la pollution, l’indispensable transition écologique que les pouvoirs publics doivent mener. La stratégie des transports en Ile-de-France doit nécessaire intégrer un volet sur le transport de marchandises sinon voulons que notre agglomération conserve son dynamisme économique.

La question du Fret, fluvial et surtout ferroviaire, doit être sérieusement prise en compte dans les débats politiques Franciliens, et la Petite Ceinture ferroviaire a le potentiel pour porter, sur tout ou partie de son tracé.

Nous aurions d’ailleurs aimé entendre plus de voix s’élever contre l’abandon et le manque de volonté global vis-à-vis du potentiel de cette structure, alors même que les questions de transport sont au cœur des débats Franciliens comme Nationaux. La principale responsabilité de cette situation incombe bien sûr à la SNCF et à RFF, qui n’ont jamais proposé de projets structurants permettant de réactiver cet axe ferroviaire, mais elle incombe également aux différentes forces politiques qui ont préféré négliger cette ligne ferroviaire.

Nous ne sommes pas contre le fait que les Parisiennes, les Parisiens ou celles et ceux qui visitent Paris profitent des atouts de la Petite Ceinture, mais nous nous opposerons systématiquement à tout ce qui peut nuire au potentiel ferroviaire de ces espaces. C’est pourquoi nous insistons sur l’indispensable réversibilité des aménagements aux abords de la ligne.

Il faut trouver une solution globale, mixte et harmonieuse sur ce sujet. Nous entendons les craintes légitimes des riverains sur les potentielles nuisances, l’intérêt botanique du lieu et la volonté des associations d’animer des projets sur ce patrimoine. Cependant, nous ne pouvons accepter que l’on abandonne le potentiel d’une installation ferroviaire qui peut s’avérer utile, voir vitale, pour l’intérêt environnemental et économique de notre région.

C’est pourquoi nous nous inscrivons pleinement dans la démarche de votre association, et que nous portons sur cette question une démarche constructive, dans l’écoute, avec comme seule boussole l’intérêt général.

 Avec Claude Bartolone, une Île-de-France humaine

Dans le monde, la plupart des grandes métropoles dotées d’une ligne circulaire l’utilisent ou la réutilisent pour du transport en commun. Pensez-vous que la capitale doive se priver de cette possibilité dans le futur ?

Après la mise en service de la Petite Ceinture dans la deuxième moitié du XIXe siècle, le trafic voyageurs a considérablement augmenté car il s’agissait de la première ligne de rocade. Si le métro a signé son déclin, les besoins de mobilité des Parisiens demeuraient et c’est la ligne d’autobus Petite Ceinture qui a été ouverte à la suppression du service voyageurs.

Aujourd’hui, aux côtés des bus PC, les tramways T3a et T3b assurent cette fonction, de pont du Garigliano à Porte de Chapelle. Demain, le tramway T3 sera prolongé de Porte de la Chapelle à Porte d’Asnières. En outre, à l’Ouest de Paris, le RER C remplit ce rôle également et utilise même une petite section de la Petite Ceinture entre Pereire-Levallois et Henri Martin. Pour les voyageurs, ce besoin de déplacement en rocade est donc satisfait.

En revanche, il est essentiel de préserver une possibilité d’exploitation ferroviaire dans le futur car les éléments de contexte évoluent rapidement. Ainsi, je me félicite et me réjouis du principe de réversibilité des aménagements et de conservation de la continuité du linéaire de l’infrastructure, inscrit dans le protocole signé au printemps dernier entre la Ville de Paris et la SNCF, afin de ne pas hypothéquer l’avenir. Il faut préserver toutes les solutions d’avenir possibles, notamment par rapport à des réflexions futures sur la logistique et le fret dans le Grand Paris et dans notre Région.

Au moment où Paris accueille la COP21, ne pensez-vous pas que réaffirmer la possibilité d’un avenir « transport » pour une voie ferrée éco-responsable serait cohérent et pertinent ?

La Petite Ceinture est aujourd’hui un formidable espace de respiration dans Paris qui abrite une très riche biodiversité en ville. Ce réservoir de flore et de faune en milieu urbain est un élément important de la trame verte et bleue parisienne qui est identifié comme une continuité écologique à préserver. La demande forte de plus de présence de la nature dans Paris émanant des habitants se traduit déjà dans la transformation de certains espaces de la Petite Ceinture en jardins et espaces verts de loisirs. Ainsi, les messages portés par la COP21 concernent tout autant le besoin de mobilité durable et de transports verts et écologiques non polluants que la nécessité de préserver notre biodiversité.

Nous sommes donc arrivés à un équilibre avec le protocole signé en début d’année car il est important de respecter parallèlement les trois principes suivants : la réversibilité des aménagements afin de pouvoir réutiliser cette formidable infrastructure ferroviaire à tout moment ; une Petite Ceinture plus accessible aux Parisiens ; le besoin de nature et la préservation de la biodiversité.

Quels aménagements souhaitez-vous encourager pour la Petite Ceinture (optimisation foncière, installations légères...) ?

La révision du protocole de 2006 a donné lieu à une grande et formidable concertation. Je pense donc qu’il est nécessaire de s’appuyer sur les résultats de cette concertation pour définir les aménagements. La place du citoyen et des associations, dont la vôtre, dans la définition des aménagements est fondamentale. C’est ce qui doit primer. Au vu des principes que j’ai déjà pu énoncer, je suis plutôt favorable à des installations légères, des jardins ou des promenades plantées. Dans le cadre du chantier du Grand Paris Express, de même qu’une exposition s’est montée cette année au Musée MacVal sur les gares de la ligne 15 sud, votre proposition d’exposer temporairement pour quelques mois quelques rames du métro du Grand Paris Express sur la Petite Ceinture et les faire visiter au grand public me paraît intéressante... ou de monter une exposition valorisant notre patrimoine ferroviaire.

En application des dispositions du protocole SNCF-Ville de Paris, souhaitez-vous le maintien de la réversibilité permanente des installations ferroviaires, de manière à permettre la circulation ponctuelle de trains à faible allure à tout moment ?

Je souhaite en effet le maintien de la réversibilité permanente des installations ferroviaires. Si l’on a besoin de faire circuler un train de manière ponctuelle et dans le cadre d’un projet développé sur la Petite Ceinture – on peut reprendre à cet égard l’exemple de l’exposition de vieilles ou futures rames – il faut pouvoir le faire. Il ne faut rien s’interdire et se laisser la possibilité de tout permettre.

Envisagez-vous d’entamer des discussions avec SNCF Réseau pour un déclassement et/ou une fermeture de la ligne ?

Au vu de ce que j’ai déjà pu vous exposer, je n’envisage pas, si je suis élu Président de la Région Ile-de-France, de commencer des discussions avec SNCF réseau pour fermer cette ligne, qui, à l’exception de deux petits tronçons, fait partie du réseau ferré national. Le protocole signé au printemps dernier entre la Ville de Paris et la SNCF est équilibré. Je respecte donc pleinement ces principes.

 L’UPR avec François Asselineau

En raison du grand nombre de messages reçus, il se peut que nous mettions un délai significatif pour vous répondre. Ce délai dépend aussi du contenu des questions qui nous sont posées, certaines d’entre elles requérant une plus grande recherche que d’autres.

 Changeons d’air, Le Rassemblement Écologiste et Citoyen - Mme Emmanuelle Cosse

 Liste d’Union Citoyenne - M. Dawari Horsfall

Réponse non parvenue.

 Nous Citoyens pour L’Île-de-France - Mme Valérie SACHS

Comme vous le savez peut-être, Nous Citoyens a volontairement choisi de limiter son projet à 9 thématiques que nous jugeons prioritaires – à la fois pour ne pas disperser notre réflexion, et parce que nous pensons que ces problématiques, souvent négligées dans le débat politique traditionnel, sont décisives pour sortir la France de la crise aigüe dans laquelle elle se trouve plongée. Nous serons sans doute amenés, à l’avenir, à prendre position sur d’autres sujets (politique familiale, politique migratoire, politique étrangère ou de défense, etc.), mais nous ne souhaitons pas, à ce stade, cliver encore davantage la société française dans une période où elle doit conduire des changements difficiles.

 F.L.U.O. (Fédération Libertaire Unitaire Ouverte) - M. Sylvain De Smet

Réponse non parvenue.

 Union des Démocrates Musulmans Français - M. Nizarr Bourchada

Réponse non parvenue.

 Debout La France - M. Nicolas Dupont-Aignan

 L’alternance avec Valérie Pécresse

Dans le monde, la plupart des grandes métropoles dotées d’une ligne circulaire l’utilisent ou la réutilisent pour du transport en commun. Pensez-vous que la capitale doive se priver de cette possibilité dans le futur ?

Non. Dès lors que Paris a la chance de disposer comme d’autres villes dans le monde d’une telle infrastructure ferroviaire, il faut à mon sens se ménager la possibilité de la réutiliser le cas échéant. Ce serait en tout cas une erreur de s’en priver définitivement en y prévoyant des aménagements sur lesquels il ne soit plus possible de revenir.

Au moment où Paris accueille la COP21, ne pensez-vous pas que réaffirmer la possibilité d’un avenir « transport » pour une voie ferrée éco-responsable serait cohérent et pertinent ?

La politique qui a été conduite au cours du mandat qui s’achève l’a été sous l’impulsion des Verts, membres à part entière de la majorité régionale sortante. On aurait pu penser qu’ils auraient eu à coeur de prendre toutes les mesures nécessaires visant à diminuer sensiblement la pollution atmosphérique à Paris et en Île-de-France. Pourtant l’air que respire les Franciliens chaque jour dans la capitale et la Région n’a jamais été aujourd’hui aussi vicié. Le niveau de pollution est aujourd’hui bien plus élevé que ce qu’il devrait être, à tel point qu’il s’est traduit à plusieurs reprises récemment par des pics nécessitant la mise en place de la gratuité dans les transports. Diminuer la pollution de l’air, c’est un enjeu majeur à Paris et en Île-de-France. La préservation de la Petite Ceinture ferroviaire peut y contribuer s’il est envisagé demain de l’utiliser pour l’acheminement des marchandises par exemple. Ce peut être là une piste à creuser.

Quels aménagements souhaitez-vous encourager pour la Petite Ceinture (optimisation foncière, installations légères...) ?

Ce qui est regrettable c’est que nous ayons aujourd’hui, en plein Paris, là où le foncier est rare et extrêmement cher, une friche inutilisée. Face à cette situation, il me semble important soit de rendre à cette infrastructure sa vocation en matière de transports, soit de l’utiliser et de la valoriser, pour en faire par exemple, un lieu de promenade et de loisirs pour les habitants, avec des structures légères et démontables permettant de préserver son caractère ferroviaire. J’ajoute d’ailleurs que ces deux options ne sont pas incompatibles, comme le montre la partie sud du boulevard Pereire, avec le maintien de la ligne C en souterrain et un jardin public en surface.

En application des dispositions du protocole SNCF-Ville de Paris, souhaitez-vous le maintien de la réversibilité permanente des installations ferroviaires, de manière à permettre la circulation ponctuelle de trains à faible allure à tout moment ?

Oui, précisément. Ce principe de réversibilité est inscrit dans le SDRIF et figure également dans le protocole Ville de Paris-SNCF Réseau signé pour une durée de 10 ans. Toutefois, dans la continuité de ma réponse à la question précédente, il me semble que le plus important est d’utiliser enfin pleinement cette infrastructure majeure, en plein Paris, qui aujourd’hui se résume à une friche.

Envisagez-vous d’entamer des discussions avec SNCF Réseau pour un déclassement et/ou une fermeture de la ligne ?

Non. Aujourd’hui un accord a été trouvé entre la Ville de Paris et SNCF Réseau. Dès lors que ce protocole me semble répondre à la nécessité de préserver sa vocation première à la Petite Ceinture ferroviaire, il ne m’apparaît pas utile d’engager de telles discussions avec la SNCF.

Pourriez-vous soutenir des projets d’activités événementielles ferroviaires ponctuelles sur la ligne en lien avec Trains Expos (filiale de la SNCF qui a réalisé le train du climat, le train du chocolat, le train du père Noël, le train de l’emploi notamment) et la Ville de Paris ?

Ce sont en effet des orientations qui méritent d’être étudiées. Je sais que de telles activités ont déjà eu lieu à votre initiative jusqu’en 2003. Je ne vois pour ma part aucun obstacle à ce qu’elles puissent être renouvelées dans l’avenir.

 Aux Urnes Citoyens - M. Aurélien Véron

Réponse non parvenue.

 Liste Front National - M. Wallerand De Saint Just

Le programme de Wallerand de Saint Just et du Front National en Île-de-France privilégie très ouvertement l’entretien, l’optimisation et la remise en état du réseau de transport existant et demande pour financer ces mesures indispensables que les investissements pharaoniques du Grand Paris Express soient remis en cause et reportés à des temps économiquement plus propices.

La remise en état de la Petite Ceinture pour la rendre intégralement au trafic ferroviaire, si elle ne figurait pas de prime abord dans le programme du Front National semble tout à fait s’inscrire dans notre volonté de développer le réseau de transport en s’appuyant sur les infrastructures existantes.

Aussi nous nous opposons bien entendu à tout aménagement autre que ferroviaire sur le site de la Petite Ceinture. Et si nous ne pouvons l’empêcher, nous exigerons a minima que les aménagements entrepris soient immédiatement réversibles afin de rendre les voies à leur usage premier. De la même manière, en parallèle d’un militantisme actif pour voir aboutir le projet de remise en circulation de lignes régulières sur ces voies, nous ferons en sorte de privilégier dans les activités de remplacement proposées temporairement sur ce site qu’une place de choix soit faite aux activités liées au train et au monde ferroviaire afin que la destination première de l’endroit reste bien présente dans toutes les mémoires.

 Lutte ouvrière - Mme Nathalie Arthaud

Si je me présente dans cette élection, c’est pour faire entendre la voix et les exigences du monde du travail dans son ensemble, pour dire que ceux qui détiennent réellement le pouvoir dans la société ne sont pas élus : le patronat, les financiers tirent leur pouvoir de leur situation sociale et ceux qui aspirent à gouverner, du FN au PS en passant par la droite, servent ou serviront les intérêts des puissants.

Je propose aux travailleurs, aux chômeurs, aux retraités, aux précaires, aux jeunes, dont l’avenir est bouché et qui arrivent dans une société ravagée par les dégâts du capitalisme, de se servir des élections pour dire qu’ils ne sont pas d’accord.

Je dénonce aussi le désengagement de l’État vis-à-vis des services utiles à la population, comme les transports collectifs. En tant que président d’une association consacrée à la défense d’une ligne ferroviaire qui pourrait faciliter les déplacements de la population francilienne, vous êtes bien placé pour le savoir.

 Position de l’AUT-FNAUT

Pour compléter cette liste de réponses, voici un bilan global de la mandature régionale qui s’achève, vue du point de vue des transports publics, réalisé par l’AUT-FNAUT. L’AUT (Association des Usagers d’Ile-de-France) est la branche francilienne de la FNAUT.

La position de l’AUT-FNAUT au sujet de la Petite Ceinture est très claire : « nous n’acceptons aucune aliénation des emprises de cette infrastructure dont le caractère ferroviaire doit être impérativement conservé. La remise en service d’un service de transport urbain doit rester possible en cas de besoin. Les multiples opérations de densification urbaines actuellement en cours à la bordure sud de Paris (ZAC Bercy-Charenton, ZAC Paris-Rive Gauche, Tours Duo porte de France, tour Triangle porte de Versailles, Ministère de la Défense à Balard, etc.) rendront probablement l’utilisation de cette infrastructure indispensable plus rapidement que ce qu’on pouvait imaginer il y a peu. »

Position de la FNAUT sur les élections régionales en Île-de-France 2015
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