Lors de chaque élection locale ou régionale, l’association interroge les candidats pour connaître leur sentiment à l’égard de l’avenir de la Petite Ceinture ferroviaire de Paris.

Les circonstances de ces élections municipales de 2020 sont très particulières, et donnent beaucoup de travail aux équipes de campagne, qui doivent s’adapter tant à des changements brusques qu’aux contraintes imposées par l’épidémie de Covid-19. Il n’est donc pas surprenant que plusieurs listes n’aient pas daigné nous fournir une position claire et officielle.

On pourra avec intérêt revoir ce qui s’était dit, affirmé et promis pour les élections de 2014, et en tirer des enseignements utiles en matière de fiabilité des engagements politiques.

 Les propositions des candidats recueillies avant le premier tour

 Candidats pour Paris

Aucune des listes principales n’a répondu dans les délais impartis à nos sollicitations précises. Nous en sommes réduits à rappeler des éléments de leurs programmes respectifs déjà publiés ou évoqués publiquement.

« Décidons Paris » (L.F.I. – Danielle Simonnet)
La liste a précisé sa position dans son programme : « La Petite Ceinture de Paris est un axe stratégique pour la desserte de la capitale, notamment pour le développement d’une logistique du dernier kilomètre décarbonée. Le fret y est toujours pratiqué sur le tronçon Paris-Gobelins. Néanmoins, le projet « Reconquête de la Petite Ceinture » porté par la municipalité prévoit à terme la suppression de l’axe ferré et la mutation des emprises en promenade piétonnes et en surfaces de logements. Nous proposons : d’évaluer des pistes de réouverture de la Petite Ceinture, à travers les leviers juridiques accessibles à la Mairie de Paris, des études techniques et acoustiques, de travailler avec l’association Sauvegarde de la Petite Ceinture, d’assurer la préservation du patrimoine ferroviaire dans les documents d’urbanisme, de préserver la Petite ceinture de toute marchandisation et de toute bétonisation. »

Mais aussi : « de préparer l’avenir de la Petite Ceinture à moyen et long terme par une réflexion globale sur la saturation du trafic des transports en commun et notamment du tramway, ses causes et les solutions éventuelles qu’apporterait sa réouverture au trafic ferroviaire. Cette réflexion devra se tenir avec l’exigence démocratique que nous portons et devra faire l’objet d’un vote démocratique à l’échelle parisienne soit par référendum soit à l’échéance des élections municipales de 2026. »

« Dès demain, Paris en commun » (P.S.-P.C.-Place publique – Anne Hidalgo)
Étonnamment, alors que la ligne était l’un des sujets phare de sa campagne de 2014, elle n’apparaît plus dans le programme 2020.

« Engagés pour changer Paris » (L.R. – Rachida Dati)
Aucune mention de la Petite Ceinture dans ce programme (même si la Maire du VII^e avait en 2013 fait voter un vœu par le Conseil d’Arrondissement en faveur de la réutilisation de la ligne).

« Paris ensemble » (LaREM – Agnès Buzyn)
Aucune mention de réversibilité ni d’usage ferroviaire dans ce programme, mais l’affirmation « Nous avons besoin de parcs et de bois, où passer quelques heures entre amis ou en famille, de trames d’eau et d’îlots de fraîcheur : la Petite Ceinture rendue aux Parisiens, un espace de promenade et de détente et un lieu pour faire du sport. Nos propositions : ouvrir les 40 hectares (deux fois le jardin du Luxembourg) de la « Petite Ceinture », aujourd’hui négligée, pour en faire un lieu de promenade et de loisirs. »

« Le nouveau Paris » (ex LaREM – Cédric Villani)
Cédric Villani est assez clair sur ses ambitions en faveur du vélo : « Mon objectif est de faire de la Petite Ceinture une infrastructure cyclable à haut niveau de service, pleinement intégrée au réseau express vélo. Cet aménagement en plusieurs phases permettra d’aller rapidement à vélo d’un quartier de Paris à un autre, mais aussi d’une banlieue à une autre. Cette rocade cyclable au profil large (7 m) et régulier sera très efficace en temps de parcours, et très sûre pour les cyclistes, puisque sans carre-four ni trafic automobile. Elle permettra également de développer la logistique décarbonée grâce à des vélo-cargos. En étant accessible de façon encadrée à des vélos-cargos et plusieurs expérimentations d’autonomie, elle deviendra un maillon de la stratégie logistique décarbonée qui sera mise en œuvre par la Ville.
La petite ceinture retrouvera ainsi également le rôle logistique décisif que lui avait donné ses concepteurs. Le chemin de fer de petite ceinture compte de nombreuses emprises logistiques tout au long de ses voies. Par ailleurs, avec la mise en place de ce projet d’ensemble, les parcours piétons développés le long de cet axe trouveront tout leur sens en parallèle des voies cyclables. Une répartition correctement définie entre ces différents modes actifs permettra d’éviter les conflits d’usage constatés aujourd’hui sur certaines voies vertes existantes. Naturellement, je veillerai aux conditions de sécurité sur l’ensemble du tracé de cette infrastructure, et mettrai un soin tout particulier à ce que ce projet s’articule bien avec les quartiers traversés, avec des aménagements permettant une accessibilité de qualité pour tous les publics.
Elle pourra être éclairée en soirée, au moins sur une partie du parcours, afin d’en faire une nouvelle passeggiata pour les Parisiens. Sa sécurisation permettra d’en faire un lieu familial et un lieu de promenade nocturne. Ce projet sera le moteur d’un véritable développement durable pour les quartiers traversés, sans générer de nuisance pour les riverains. Tout au long de son parcours, cette grande boucle cyclable sera jalonnée par des équipements multiservices qui prendront place notamment dans les gares désaffectées, en complément de celles déjà aménagées. En fonction des tronçons, les usages actuels mis en place sur la Petite Ceinture – jardins partagés, lieux collectifs, recycleries, ateliers de réparation – pourront être maintenus, voire amplifiés. Il pourra également devenir un lieu d’expression artistique, notamment pour des projets d’étudiants des écoles d’art parisiennes, sur des thématiques, environnementales notamment, qui font écho à l’esprit des lieux. Ce projet devra, bien entendu, être mené en bonne intelligence avec la SNCF, dans le cadre d’une négociation équilibrée qui prendra en compte l’avenir à long terme de cette infrastructure remarquable. »

« L’écologie pour Paris » (E.E.L.V. – David Belliard)
Le candidat tête de liste propose de « de continuer d’ouvrir des tronçons pour créer une longue promenade naturelle tout autour de Paris. Cette promenade aura pour principal objectif la découverte de la faune et la flore grâce à des panneaux découverte explicatifs et des zones d’observation de la biodiversité locale. Les différents aménagements seront toujours pensés pour respecter le calme des lieux. » (...) « Nous ne voulons plus d’aménagements comme ceux de la coulée verte René Dumont (XII^e) qui sont dépassés ».

« Aimer Paris » (soutenue par le Rassemblement National [R.N.] - Serge Federbusch)
Aucune mention de la Petite Ceinture dans le programme distribué, mais le candidat a néanmoins appelé de ses vœux la réactivation de la ligne lors d’un débat télévisé et mentionné l’association P.C.G.P. de Jacques Gauthier (collaborateur du Delanopolis, site web du candidat, ciblant l’équipe municipale).

« Libérons Paris » (indépendant - Marcel Campion)
Aucune mention de la Petite Ceinture dans ce programme

 Candidats des communes limitrophes, potentiellement concernées par la ligne de Petite Ceinture

« Demain Malakoff » (LaREM) pour la mairie de Malakoff
Olivier Rouquette se déclare « favorable à tous les projets de transports en commun qui permettent d’accroître la mobilité de ses habitants et des franciliens tout en contribuant à la diminution de la place de l’automobile. Le projet de remise en service de la petite ceinture en fait partie. Il constitue un relais de croissance du T3, dont la fréquentation ne cesse de grandir et qui traduit le besoin grandissant des parisiens et habitants de la petite ceinture, mais également des franciliens et visiteurs, de pouvoir disposer de ce type d’infrastructure pour leurs déplacements. »

« Nous sommes Boulogne » (P.S.) pour la mairie de Boulogne-Billancourt
Judith Shan explique être « très sensible à l’importance de cet espace dans le développement durable de la zone agglomérée dense ».
Elle ajoute « À moyen terme, je suis favorable à ce que soit poursuivie cette démarche de préservation de la Petite ceinture dans son intégrité et sa cohérence. Il s’agit d’un grand espace linéaire qui irrigue tous les quartiers de Paris situés au-delà de l’ancienne barrière des fermiers généraux. C’est l’équivalent, compte tenu de la croissance urbaine de notre périphérique pour nous communes de première couronne.
Je suis – en tant que riveraine et candidate dans la première couronne de l’agglomération parisienne - extrêmement sensible au traitement de ces frontières.
J’attache du prix à ce que toutes les actions sur la Petite ceinture s’attachent à préserver la cohérence de cet espace et s’inscrivent dans l’ensemble du paysage et à mettre en valeur l’histoire et le patrimoine ferroviaire de la PC.
Il me semble que telles qu’elles m’ont été présentées démarches en cours vont dans le bon sens.
Les projets provisoires, expérimentaux qui y seront développés contribueront à l’appropriation par les riverains de l’ensemble de l’emprise et donc à sa préservation en en faisant un espace qui échappe à la pression foncière.
Dans ces conditions, la Petite ceinture peut être un trésor pour le développement durable, à l’échelle du demi siècle ou du siècle.
En faire dans l’immédiat un lieu disponible, mieux intégré dans la zone urbaine dense, accessible, préservé dans sa fonctionnalité ferroviaire potentielle me semble être la meilleure manière de créer le lieu dont la Ville dense aura besoin demain... sans exclure les transports selon des modalités technologiques qu’aucun d’entre nous de connaît à ce jour ! »

« Issy ensemble » (LaREM / U.D.I. / les Républicains) pour la mairie d’Issy-les-Moulineaux
André Santini nous rappelle « que la ville d’Issy-les-Moulineaux n’a pas été associée à la concertation de 2013. Aussi, si sa valeur patrimoniale est indéniable, ce dossier de développement des transports en communs n’apparaît pas comme prioritaire pour Issy-les-Moulineaux, qui travaille avant tout pour le prolongement de la ligne 12 afin de rejoindre la future ligne 15 et Meudon. »

« Ambition pour Nogent » (U.D.I.) pour la mairie de Nogent sur Marne
Alexandra Sirot remarque de manière liminaire que « que la Petite Ceinture ne relève pas de la compétence de la municipalité de Nogent sur Marne » mais ajoute « qu’une éventuelle remise en service nécessiterait des investissements lourds, comme par exemple le réaménagement des accès du public et la réfection complète des voies et ballasts. Ces décisions relèvent des plusieurs acteurs, SNCF Réseau, la Ville de paris, voire peut-être d’autres acteurs à mobiliser comme la Région ou la Société du Grand Paris... Mais effectivement dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, dans le cadre de la diversification des moyens de transports non polluants et de la lutte pour la préservation de la biodiversité, notre liste est sensible à la problématique que vous soulevez et soutient les initiatives qui viseraient à lutter contre la vente à la découpe de la petite ceinture, et à promouvoir soit la préservation de la petite ceinture, soit la transformation en espace végétalisé qui permettrait sa réversibilité éventuelle à terme. »

« Vanves demain » (P.S.) pour la mairie de Vanves
Les candidats précisent que « La Petite Ceinture est effectivement une infrastructure ferroviaire aménageable à relativement peu de frais. Néanmoins si la question se posait sérieusement lorsque le T3 n’était pas réalisé la question doit aujourd’hui être posée autrement. Le gros avantage du T3 c’est qu’il contribue à faire barrage aux automobilistes entrant dans Paris. Son succès montre bien que le choix était sans doute le bon et la saturation qu’il subit aux heures de pointe plaide pour la réalisation d’une autre infrastructure de transport en rocade. Dans sa section sud, le trajet « rapide » entre les principales radiales c’est aujourd’hui la ligne 15 dont nous allons bénéficier à Vanves. Pour nous s’il ne faut pas exclure qu’à terme, la petite ceinture retrouve une fonction ferroviaire, elle doit aujourd’hui répondre à d’autres urgences comme le besoin de maintenir des couloirs de biodiversité et des îlots de fraîcheur ou celui d’offrir des lieux de promenade ou de créer des réseaux rapides pour les déplacement à vélo. Pour tous ces usages le maintien de la continuité est fondamental aussi vous pourrez compter sur notre équipe pour la défendre. »

« Construire l’avenir à Chanrenton » (E.E.L.V.) pour la mairie de Charenton
Argentina Citarella indique que « Nous avons comme objectif de réduire la place de la voiture et d’augmenter les transports en commun et les mobilités douces. Nous souhaitons aussi développer de plate-formes logistiques pour éviter aux camions d’approcher l’hypercentre urbain. En tant qu’écologistes, nous nous inscrivons bien entendu dans une démarche de développement du réseau de transport en commun et bien sûr ferré. »

 Notre conclusion provisoire

Si la ligne avait été en 2014 un enjeu mis en lumière par plusieurs candidats, le sujet semble moins « vendeur » pour 2020. Nous reviendrons évidemment à la charge pour le second tour, et une nouvelle sollicitation ciblera les élus, une fois les résultats proclamés.

Nous espérons que ces éléments que nous avons pu rassembler pour votre information pourrons, sur ce sujet précis, éclairer votre choix, au moment de mettre votre bulletin dans l’urne.