Communiqué de l’ASPCRF sur les élections municipales 2008

, par Association Sauvegarde Petite Ceinture (ASPCRF)

Armes de la Ville de Paris

La question de l’avenir de la Petite Ceinture ferroviaire semble constituer un enjeu de taille dans le cadre des élections municipales parisiennes de 2008.

En effet, les principaux candidats pour cette élection évoquent tous la transformation de la Petite Ceinture en « coulée verte », laissant envisager ainsi une aliénation définitive de la fonction ferroviaire des lieux.

Il nous paraît essentiel, dans le cadre de cette campagne électorale, de rappeler plusieurs éléments de réflexion et de rétablir quelques faits objectifs et vérifiables passés sous silence dans certains programmes des candidats :

  1. La Petite Ceinture ferroviaire n’appartient pas à la Ville de Paris mais à Réseau Ferré de France (RFF). Cette infrastructure fait d’ailleurs partie du réseau ferré national. La décision éventuelle de transformer cette emprise ferroviaire en coulée verte ne relèverait donc, en aucun cas, de la Ville de Paris. Il ne saurait du reste être question de « rendre la Petite Ceinture » aux Parisiens (comme cela est écrit ici ou là) : les Parisiens n’en ont en effet jamais été propriétaires.
  2. En juin 2006, Réseau Ferré de France et la Ville de Paris ont signé un protocole d’accord, conclu pour une durée de cinq ans, afin de convenir d’aménagements de la Petite Ceinture ferroviaire. Ce protocole définit les utilisations possibles, dans un souci partagé de valorisation de cet espace, tout en respectant la spécificité ferroviaire des lieux, ainsi que les circulations de trains de service toujours effectuées par la SNCF : sentiers de promenade le long des voies ferrées, circulations de trains touristiques, réalisation de jardins partagés dans les surlargeurs, promenades naturalistes ponctuelles, etc.. On est donc loin de la notion de « coulée verte » continue que l’on peut rencontrer par exemple sur l’ancienne ligne de la Bastille dans le 12e arrondissement.
  3. Compte tenu du positionnement stratégique de cette infrastructure ferroviaire et du potentiel qu’elle représente pour Réseau Ferré de France, le protocole d’accord mentionne explicitement le maintien des voies ferrées existantes, permettant ainsi de préserver l’intégrité et la continuité de cette infrastructure dans l’hypothèse d’un projet de reprise régulière de l’activité ferroviaire. Selon Réseau Ferré de France, cette perspective de la reprise d’une circulation ferroviaire régulière sur la Petite Ceinture s’inscrit sur le moyen / long terme (soit - hélas - bien plus que la durée d’une mandature municipale). En conséquence, le protocole convient de la réversibilité des aménagements pour le public, garantissant ainsi la possibilité d’un retour à un usage ferroviaire fret et/ou voyageurs.

Alors que tous les partis conviennent enfin que l’avenir ne peut se construire sans respecter l’environnement ; au moment où tous se préoccupent notamment de l’amélioration de l’offre de transport, il est décevant de constater que les candidats ont sous leur nez une ligne ferroviaire écologique dotée d’un formidable potentiel, mais que cette ligne ne suscite dans leurs programmes qu’une utilisation gazonnée démagogique.

Là où nombre de responsables de villes de France et d’ailleurs (comme Berlin, Bruxelles et Atlanta) redécouvrent les avantages des lignes circulaires en partie ou en totalité, les candidats-édiles parisiens ne voient que promenades verdoyantes. Vous Imaginez vous déambuler dans des tunnels allant jusqu’à plus d’un kilomètre et demi ? Du reste, combien de candidats sont des usagers réguliers des transports en commun ?

Rappelons que cette infrastructure ferroviaire de rocade, ouverte par étapes entre 1852 et 1869, sillonne intra-muros les quartiers périphériques de la capitale, au sud, à l’est et au nord, pour une longueur totale de vingt-trois kilomètres, du boulevard Victor à la Porte de Clichy. Cette ligne est peu utilisée. Seule la section ouest connaît un trafic voyageurs : depuis 1988, la ligne C du RER emprunte la Petite Ceinture entre le quartier de la porte de Clichy et la gare de l’Avenue Henri Martin (16e arrondissement). Au Sud du 16e arrondissement, les emprises ferroviaires situées entre les gares de Passy et d’Auteuil, déférées en 1993, ont cédé la place à un « sentier nature », ouvert en janvier 2008. Ce tronçon doit prochainement faire l’objet d’une cession par RFF à la Ville de Paris. Enfin, dans le sud-ouest de Paris, le tronçon en viaduc reliant la Porte d’Auteuil au boulevard Victor via le boulevard Exelmans a été détruit au début des années 1960.

L’Association pour la Sauvegarde de la Petite Ceinture de Paris et de son Réseau Ferré, fondée en décembre 1992, milite depuis sa création pour la préservation et la remise en service de cette infrastructure ferroviaire. L’association a également organisé différentes circulations de découverte de la ligne en train spécial.

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